Lundi 6 mars 2023 : Protéger les mers et la souveraineté

Cette séance a porté sur la question des mers, de leur protection mais aussi sur les questions de souveraineté qui s’y jouent.

Ces questions marines concernent tout particulièrement les territoires ultramarins. Grâce à ses territoires ultramarins, la France peut se targuer de posséder le deuxième domaine maritime du monde (eaux territoriales + zone économique exclusive/ZEE), soit plus de 10 millions de km². 97% des eaux françaises se trouvent dans les outre-mer.

Actualité récente (cf. article du Parisien) : extension du plateau continental au large des îles Kerguelen et de la Réunion, dans l’océan Indien. Un « morceau supplémentaire de souveraineté » d’environ 151 000 km², soit l’équivalent d’un quart de l’Hexagone. Une partie se situe au large de l’île de la Réunion (58000 km²), l’autre près des îles Saint-Paul et Nouvelle Amsterdam (92000 km²). Ces extensions complètent la gigantesque réserve terrestre et marine des TAAF. France est très active dans ces demandes d’extension (programme EXTRAPLAC) : on comprend qu’il est important pour l’Etat de gérer ce domaine marin, de l’étendre, de la protéger.

Source: Le Parisien

La question qui se pose actuellement est donc celle de l’usage qui sera fait de ces eaux sous souveraineté française et des extensions :

  • Protection ? En effet, les eaux ultramarines sont également parmi les plus riches en termes de biodiversité. En vertu des accords internationaux et des politiques européennes, la France s’est engagée à protéger ses eaux. De nombreuses aires marines protégées ont été mises en place depuis 2010 : elles couvrent aujourd’hui 33% des eaux françaises en 2022. La France est cependant régulièrement épinglée pour la mauvaise gestion de ses AMP, notamment le parc naturel marin de Mayotte.
  • Exploitation ? Aucun permis d’exploitation des sous-sols n’a encore été délivré, mais de plus en plus de pays commencent à réfléchir à l’utilisation des ressources minières se trouvant dans leurs eaux : cobalt, cuivre, zinc, argent ou or. La France n’a pas franchement fermé la porte à ces exploitations minières dont les conséquences sur les écosystèmes sont encore mal connues.
  • Qui peut intervenir dans la protection de ces espaces, au-delà des seuls services de l’État : associations ? Pêcheurs ? Comment travaillent-ils pour protéger les eaux ? avec quels effets sur la souveraineté ?

Pour échanger autour de ces enjeux, trois invitées ce soir :

  • Justine Berthod (IHEAL, Creda) sur la protection des eaux de la Caraïbes et le rôle joué par les pêcheurs dans cette protection

Justine Berthod, “Pêcheurs artisanaux en AMP : gardiens de la biodiversité ou des frontières maritimes ? (San Andrés, Colombie)”, VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 21 numéro 1 | mai 2021, mis en ligne le 17 mai 2021.

  • Jeanne Wagner (biologiste marine et présidente de l’association Oulanga Na Nyamba, Mayotte) sur la protection menée par une association environnementale des tortues marines à Mayotte.

  • Hélène Collin (réalisatrice, Belgique) en direct du parlement européen, à l’occasion d’une action menée le 6 mars 2023 pour sensibiliser et réclamer un refus de l’exploitation des sous-sols, des mines sous-marines. Manifestation menée devant le parlement par plusieurs associations pour demander un moratoire sur l’exploitation des ressources minières sous-marines. Échéance de juillet 2023 : possibilité que la Metal Company lance l’exploitation. Association Deep see conservation coalition.

Pour télécharger les notes prises pendant la séance:

 Pour compléter : Podcast de France Culture sur l’exploitation des fonds marins.