Cette séance a porté sur la question des mers, de leur protection mais aussi sur les questions de souveraineté qui s’y jouent.
Ces questions marines concernent tout particulièrement les territoires ultramarins. Grâce à ses territoires ultramarins, la France peut se targuer de posséder le deuxième domaine maritime du monde (eaux territoriales + zone économique exclusive/ZEE), soit plus de 10 millions de km². 97% des eaux françaises se trouvent dans les outre-mer.
Actualité récente (cf. article du Parisien) : extension du plateau continental au large des îles Kerguelen et de la Réunion, dans l’océan Indien. Un « morceau supplémentaire de souveraineté » d’environ 151 000 km², soit l’équivalent d’un quart de l’Hexagone. Une partie se situe au large de l’île de la Réunion (58000 km²), l’autre près des îles Saint-Paul et Nouvelle Amsterdam (92000 km²). Ces extensions complètent la gigantesque réserve terrestre et marine des TAAF. France est très active dans ces demandes d’extension (programme EXTRAPLAC) : on comprend qu’il est important pour l’Etat de gérer ce domaine marin, de l’étendre, de la protéger.
La question qui se pose actuellement est donc celle de l’usage qui sera fait de ces eaux sous souveraineté française et des extensions :
- Protection ? En effet, les eaux ultramarines sont également parmi les plus riches en termes de biodiversité. En vertu des accords internationaux et des politiques européennes, la France s’est engagée à protéger ses eaux. De nombreuses aires marines protégées ont été mises en place depuis 2010 : elles couvrent aujourd’hui 33% des eaux françaises en 2022. La France est cependant régulièrement épinglée pour la mauvaise gestion de ses AMP, notamment le parc naturel marin de Mayotte.
- Exploitation ? Aucun permis d’exploitation des sous-sols n’a encore été délivré, mais de plus en plus de pays commencent à réfléchir à l’utilisation des ressources minières se trouvant dans leurs eaux : cobalt, cuivre, zinc, argent ou or. La France n’a pas franchement fermé la porte à ces exploitations minières dont les conséquences sur les écosystèmes sont encore mal connues.
- Qui peut intervenir dans la protection de ces espaces, au-delà des seuls services de l’État : associations ? Pêcheurs ? Comment travaillent-ils pour protéger les eaux ? avec quels effets sur la souveraineté ?
Pour échanger autour de ces enjeux, trois invitées ce soir :
- Justine Berthod (IHEAL, Creda) sur la protection des eaux de la Caraïbes et le rôle joué par les pêcheurs dans cette protection
Justine Berthod, “Pêcheurs artisanaux en AMP : gardiens de la biodiversité ou des frontières maritimes ? (San Andrés, Colombie)”, VertigO – la revue électronique en sciences de l’environnement [En ligne], Volume 21 numéro 1 | mai 2021, mis en ligne le 17 mai 2021.
- Jeanne Wagner (biologiste marine et présidente de l’association Oulanga Na Nyamba, Mayotte) sur la protection menée par une association environnementale des tortues marines à Mayotte.
- Hélène Collin (réalisatrice, Belgique) en direct du parlement européen, à l’occasion d’une action menée le 6 mars 2023 pour sensibiliser et réclamer un refus de l’exploitation des sous-sols, des mines sous-marines. Manifestation menée devant le parlement par plusieurs associations pour demander un moratoire sur l’exploitation des ressources minières sous-marines. Échéance de juillet 2023 : possibilité que la Metal Company lance l’exploitation. Association Deep see conservation coalition.
Pour télécharger les notes prises pendant la séance:
Pour compléter : Podcast de France Culture sur l’exploitation des fonds marins.